Alors que l’Union Européenne s’apprête à statuer pour un durcissement juridique des accords environnementaux, la communauté économique se divise autour de la question de la décarbonisation énergétique.
COP23 : Un retour vers l’optimisme envers le pouvoir législatif
La conférence de Bonn de 2017 sur le climat se clôt sur un sentiment partagé de progrès des négociations autour du développement du Marché Mondial du Carbone ( SEQE ). Ce système apporte une perspective de résolution du financement des aides à la transition énergétique des pays en voie de développement, et revêt en cela un rôle central dans la marche mondiale vers la diminution des gaz à effet de serre ( GES ). Mais toute les transitions énergétiques ne se valent pas, et les propositions de transition post-industrielle économiquement viables ne sauraient être plus contradictoires. Parmi les chercheurs qui plaident pour une solution climatique basée sur les énergies renouvelables Mark Z. Jacobson, éminent professeur de l’Université de Stanford, fait office de référent. L’une de ses dernières publications en date parachève des années de travail dédié à la réalisation d’un modèle énergétique mondiale 100% renouvelable. Pour autant, l’étude est à l’origine d’une controverse passionnée fondée non pas sur son analyse économique normative mais sur la rigueur même de sa modélisation. Comment alors engager une sortie de route des énergies fossiles si elle est basée sur une mauvaise compréhension du modèle climatique d’inputs ?
Énergies primaires : un potentiel décarboné mal évalué
Le rôle du législateur est fondamental à la gestion de la crise climatique car il accélère et responsabilise la décarbonisation énergétique au moyen de politiques publiques. Il est donc impératif de garantir sa bonne et clairvoyante compréhension des forces en présence. Un rapport publié le 7 Novembre dernier par un groupe de chercheurs analystes d’Environmental Progress intitulé « The Power to Decarbonize » répond à cette urgence de repère. Premièrement, l’étude cite un rapport du Panel Intergouvernemental sur le Changement Climatique ( IPCC ) et affirme que la pierre angulaire du processus de stabilisation de concentration des GAS repose sur la décarbonisation de notre énergie. C’est à dire la diminution du taux de CO2, NO2 ou PFC émis par unité de consommation d’énergie primaire. Notre ticket pour la voie d’accélération décarbonée passera donc vers une transition globale de nos sources d’énergies primaires. À ce jour l’IPCC évalue le taux moyen d’augmentation d’énergie décarbonée par an sur les 200 dernières années à 0,3%. A une telle vitesse de progression, il faudrait attendre l’orée du 22ème siècle pour cesser toute émission d’énergie carbonée dans l’atmosphère. Chacun sait donc qu’il faut presser le pas, et le Panel prévoit d’ores et déjà plusieurs plans d’action envisageables selon l’évolution des négociations environnementales et l’engagement des dirigeants dans la lutte contre le réchauffement climatique. Cependant, une constante demeure à chaque scénario : une hausse de l’offre d’électricité décarbonée supérieure à 30%, et dépassant les 80% à l’horizon 2050. Et à l’issue de l’étude exhaustive étendue sur 68 pays proposée par les chercheurs, il s’avère que la solution la plus avantageuse à la transition énergétique n’est peut-être pas l’énergie solaire ou éolienne mais bien l’hydroélectricité et le nucléaire.
Des politiques énergétiques contraintes par l’effet d’échelle
En effet, le renouvellement infini des énergies n’est pas gage de succès écologique si l’on considère l’avancée du progrès technique, du réseau d’électrification et la réalité des faibles rendements qu’elles proposent. En revanche, le modèle de régression linéaire finement échelonné révèle une corrélation négative entre le déploiement des énergies nucléaires et hydrauliques et la décarbonisation énergétique globale de l’économie. Il n’est pour autant pas question de rejeter l’efficience décarbonée des énergies renouvelables, où certaines petites économies comme le Danemark doivent un bilan carbone négatif à leur expansion. Mais si ces succès 100% renouvelables font exception à la règle sur le long terme, c’est potentiellement la cause d’un sous-investissement public et privé dans le secteur solaire et éolien. Il serait ici tentant d’admettre un progrès notable depuis les dix dernières années, mais cette vague d’investissements reste à mettre en perspective avec une période de taux exceptionnellement bas et un dollar rehaussé par l’inflation. Sur le plan économique, les trois hypothèses avancées au cours du rapport pour justifier l’échec des énergies vertes sont l’hypothèse dite de faible énergie, l’hypothèse d’électrification et l’hypothèse de transition énergétique. La première consiste à voir les faibles rendements solaire et éolien comme un poids financier trop important face au coût d’installation. Par ailleurs cet endettement tendrait à se creuser avec le coût des autres facteurs conduisant l’intensité en carbone des énergies. La deuxième hypothèse suppose quant à elle que le potentiel de décarbonisation énergétique induit par le déploiement des énergies solaires et éoliennes serait surestimé par le déclin simultané du nucléaire. Enfin, la faible extension du réseau électrique solaire et éolien empêcherait une efficacité optimale des capacités de décarbonisation de ces énergies face aux réseaux nucléaires et hydroélectriques. Une réponse 100% renouvelable ne peut donc apporter de solutions viables à l’échelles macroéconomiques aux politiques climatiques de décarbonisation. Mais elle reste une alternative de soutien à la transition énergétique à l’échelle locale lorsqu’elle est intelligemment pensée.
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Gérando Avocats
Paris