Innovation disruptive : pourquoi l’anticiper en 2017 est plus difficile qu’il y a 20 ans ? ( et pourquoi c’est important ? )

20 ans après l’apparition du concept d’innovation de rupture dans nos économies, la vitesse de croissance exponentielle de ce progrès technique d’un nouveau genre s’apprête à faire basculer nos sociétés industrielles.

L’ère industrielle initiée par la Révolution du même nom aux prémices du XIXème siècle a évolué au rythme du progrès technique, lui-même ponctué de ruptures technologiques. Il garantissait alors l’amélioration de la productivité du travail comme du capital et par extension de toute l’économie d’un État. Cependant, la conscience écologique qui s’est imposée au cours des dernières décennies opéra un changement de paradigme dans nos modes de production. La catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima du 11 Mars 2011 attesta de notre incapacité à maitriser nos technologies fossiles et l’urgence au découplage de notre économie. Il était alors certain de deux choses pour les entreprises : premièrement, le développement des nouvelles technologies serait inéluctable et répondrait à la question de soutenabilité du développement économique. En d’autre terme, la croissance moderne serait verte ou ne serait pas. En conséquence, leurs survies à l’ère post-industrielle dépendrait de leurs capacités à accompagner cette métamorphose. Aujourd’hui on observe pourtant un taux moyen d’entreprises technologiquement disruptives totalement déconnecté de ce principe de réalité. Alors qu’est-ce qui pourrait justifier d’un tel retard perpétuel de nos industries dans la marche à l’innovation de rupture ?

Un dilemne bien ancré

Tout d’abord, comme soulevé par l’économiste Clayton Christensen, le Dilemme de l’Innovateur suppose une tendance à court terme des organisations à négliger l’investissement en recherche et développement. À supposer que l’entreprise tiendrait un marché rentable, propice à des opportunités de croissance sur la base de clients existants, elle n’aurait aucun intérêt à s’intéresser au potentiel économique d’innovations entrantes. Lesquelles seraient par essence peu chères et de moindre qualité par rapport aux services et produits existants. D’autre part, ces produits émergents s’ajouteraient à une sur-offre inondant le marché de consommateurs et ne dégageraient donc aucun profit. Pour autant, le temps profiterait aux innovations qui grâce à la recherche et au développement s’amélioreraient et créeraient de nouveaux marchés. Plus performantes, plus compétitives, les entreprises en rupture technologique pourraient supporter de faible coûts et remplacer leurs concurrents par simple cannibalisme économique.
C’est ce temps d’incubation nécessaire à l’élaboration de nouvelles technologies qui dissuaderait les entreprises à investir pour des raisons de rentabilité immédiate.

Une nouvelle façon de créer

Mais fortes de cet enseignement, certaines multinationales comme Apple ou Microsoft trouvèrent une solution à ce problème en isolant un de leurs secteurs dédié à la recherche en innovation (respectivement le téléphone portable et l’ordinateur ). Mais aujourd’hui, il semblerait que le paradoxe se soit complexifié car cette solution n’est déjà plus suffisante au maintien des vieux leaders face aux disrupteurs contemporains. Et pour cause, historiquement Christensen cantonnait les innovations de rupture aux industries appliquant une stratégie dite « asset-heavy », c’est à dire aux capital et infrastructures propres importantes, comme le secteur automobile par exemple. La rupture apparaissait alors avec de nouvelles conceptions comptables, fondées sur la gestion de base de données de plus en plus importantes, et organisationnelles c’est-à-dire une autre répartition du travail dans la chaîne de valeur. Le Fordisme reste un excellent modèle industriel de ruptures techniques puisqu’il généralisa la division des tâches et la mécanisation dans l’entreprise. Ceci est toujours vrai aujourd’hui, le Big Data et la robotisation transforment profondément l’organisation des entreprises, mais une troisième variable s’est ajoutée à l’équation avec l’ubérisation de l’économie.

Un nouveau modèle de financement

Les start-up ne se contentent plus d’être « asset-light », avec un capital et des infrastructures réduites, elles sont également financées par des actionnaires et non plus par l’endettement. Cette dernière différence peut sembler anodine mais elle explique pourtant la fin des grosses industries dans le contexte de concurrence actuelle. Alors que ces dernières doivent faire face à des contraintes de rentabilité et de solvabilité pour leurs investisseurs, les start-up elles, en choisissant la stratégie d’équité financière s’affranchissent de limites d’emprunts. Reste à savoir jusqu’à quand l’actionnariat restera bénéfique à l’ensemble de notre économie. Pour autant, il reste raisonnable de voir dans le Big Data et la rupture digitale un grand potentiel à la réduction d’asymétries d’information.

À nous d’anticiper cette rupture vectrice de créativité dans la conception organisationnelle, la structuration financière et les modèles légaux pour assurer une croissance et un avenir durable.


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