Le paradoxe de la croissance verte

« Make our planet great again ». C’est à la suite de cette déclaration emphatique prononcée le 8 Juin dernier par le Président de la République Emmanuel Macron que 255 chercheurs étrangers ont répondu à l’urgence d’une mobilisation contre le réchauffement climatique. Afin d’asseoir l’engagement de la France dans cette lutte, 30 millions d’euros de fonds d’investissement ont été alloués en direction du pôle de recherche. En parallèle, la transformation sectorielle de tous les pôles industriels de notre économie a été engagée en vue de la transition énergétique. En moins de six mois le pouvoir politique environnemental réformateur a accéléré la vitesse de convergence de notre économie vers une croissance durable de façon exponentielle. L’objectif étant avant tout la réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, les premières solutions promulguées par le corpus législatif ( la Plan Climat et la loi Transition Energétique et Changement Climatique ) misent notamment sur la production d’énergies décarbonées ( nucléaire, solaire, hydroélectrique et éolien principalement ) et la circularité des chaînes de production ( recyclage, traitement des eaux usées, valorisation et réutilisation des facteurs de production ).

Une conscience écologique polluante

Pour autant, au delà des bénéfices théoriques attendus par l’effet de destruction créatrice ( robotisation/ suppression de postes suivis de nouveaux emplois, progrès technologique, amélioration des marchés ) il semblerait que la route économique à grande vitesse telle que nous l’empruntons diverge du principe de conscience écologique. Pire encore, certaines voix parmi la communauté de chercheurs en économie du développement durable parlent d’une incompatibilité de notre modèle néo-libéral tel qu’il est appliqué aujourd’hui avec un idéal de sobriété énergétique, et donc de réduction de notre empreinte carbone sur l’environnement. En cause, un potentiel effet rebond sous-estimé par les politiques publiques sur nos niveaux de pollution et de production. Ainsi, suite à la réduction d’énergies polluantes dans le processus industriel des transports en passant par exemple du diesel à l’électrique, les individus seraient susceptibles d’accroître leur consommation d’énergie de façon significative. En effet, la réduction de consommation des véhicules induite par le progrès technique a donné l’impression au conducteur qu’il pouvait rouler plus longtemps en utilisant moins de ressources. Cet accroissement de l’utilisation des moyens de transport compense l’effet positif initial. De même cet effet de « compensation de conscience » s’appliquerait au secteur du recyclage où les individus auraient une forte propension à jeter après usage unique un produit recyclé ou recyclable pensant adopter un comportement éco-responsable. Cependant, une telle attitude quasi-systématique exploserait le volume de matière dans le cycle de production d’un bien par rapport à la quantité nécessaire. In fine, ce turn-over incessant provoquerait une hausse continue de la demande en ressources, et donc une production toujours plus intensive d’énergies. Une telle consommation effrénée serait non seulement irresponsable et anti-économique dans la gestion des dites-ressources, mais également contre-productive dans l’allègement de notre dette carbonée ( voir graphique ci-dessous )

Évolutions comparées de l’efficacité et la consommation énergétique en Chine de 1990 à 2015

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Des innovations dans le secteur renouvelable pour repousser la frontière technique

Les autres facteurs de l’effet rebond tels que la science économique actuelle les a identifiés sont pour la plupart facilement modulables. Cependant, l’élasticité de substitution des biens dits « propres » et « polluants » dépend de notre capacité à repousser la frontière technique dans le secteur des énergies renouvelables. En effet, le principal obstacle d’aujourd’hui à rendre les énergies renouvelables, comme le solaire, plus facilement substituables aux énergies fossiles est notre impéritie technologique à stocker et transformer l’énergie issue de rayons et autre force marémotrice. Une fois captée, l’énergie doit être immédiatement utilisée à l’inverse du pétrole ou du charbon facilement stockables pour peu que l’on dispose d’un espace suffisant. Mais le caractère à flux tendu de notre production d’énergies propres n’est pas son seul handicap face aux fossiles, car il faut également prendre en considération les ressources nécessaires à la construction d’infrastructures éoliennes, solaires ou géothermiques. En effet, toutes ces unités de production sont issues d’industries du BTP et d’ingénieries gourmandes en pétrole, méthane, souffre et charbon. La dépollution du processus de production des unités d’énergies décarbonées demeure l’enjeu majeur de ce siècle, et nécessitera toute l’attention des chercheurs.

Gérando Avocats

Paris

Sources : http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0095069616303813#!
http://www.ire.eco.usi.ch/paper-pelli-190510.pdf

http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0140988317301949

https://blog.ihg.com/best-photo-spots-new-york-city


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